Ces années-là
D'ordinaire, je me méfie terriblement des livres entourés d'un fort tapage médiatique au moment de leur sortie. C'est un petit peu comme pour les films : plus le teasing est important, plus la déception est grande, la plupart du temps.
Alors, quand le livre d'Annie Ernaux, les années, a été annoncé dans toutes les rubriques littéraires comme un pur chef d'oeuvre, un joyau dans l'oeuvre de l'auteur, une parfaite réussite, ma tendance naturelle m'a conduite à une certaine méfiance...
Plusieurs fois depuis sa sortie je l'ai vu chez mon libraire, bien en évidence parmi les nouveautés, m'aguichant avec son bandeau rouge.
Bien décidée à lui résister, je ne l'ai pas acheté immédiatement.
Mais, appatée par tant de louanges versées par les médias, j'ai fini par craquer...
Je me suis laissée emporter par ce récit, que la quatrième de couverture décrit comme "un forme nouvelle d'autobiographie, impersonnelle et collective". Je reprends précisément ces termes parce qu'ils sont parfaitement justes : Annie Ernaux a souhaité balayer dans un seul ouvrage les grandes périodes de son existence, tout en renvoyant le lecteur à sa propre histoire, comme insérée parmi celle de ses contemporains. Pour se faire, elle utilise un artifice très efficace, l'emploi de la troisième personne du singulier. Ainsi, l'histoire d'Annie Ernaux devient celle d'une jeune fille, d'une jeune femme, puis d'une femme dans la force de l'âge, touchée par les évènements familiaux mais peut-être plus encore par les soubresauts de l'histoire collective.
Enfant de la guerre elle aura connu les privations et les difficultés de l'après-guerre, le poids des classes sociales dans une société encore très cloisonnée. Jeune femme déjà "installée", elle assistera avec une secrète envie aux évènements de mai 68, sans y participer vraiment. Mère de famille soucieuse de l'avenir de ses enfants elle pleurera de joie le 10 mai 1981, avant de se sentir, comme tant d'autres, trahie par ceux en qui elle avait mis tant d'espoir. Enfin, hapée par les années 90 et ses délires consuméristes, elle ressentira le besoin impérieux de coucher sur le papier ses souvenirs, d'ancrer pour toujours des sensations plus précieuses à ses yeux que toutes ces choses inutiles qui s'accumulent autour d'elle.
C'est un voyage au travers des 50 dernières années que vous convie Annie Ernaux, une épopée personnelle jalonnée de souvenirs collectifs qui parleront à chacun (objets de l'époque, films, programmes télés, vêtements, publicités...), quel que soit son âge.
Je vous invite donc à feuilleter vous aussi l'album de ces dernières décennies, par-dessus l'épaule de cette femme, tellement contemporaine que ELLE, c'est un peu ELLES...
Alors, quand le livre d'Annie Ernaux, les années, a été annoncé dans toutes les rubriques littéraires comme un pur chef d'oeuvre, un joyau dans l'oeuvre de l'auteur, une parfaite réussite, ma tendance naturelle m'a conduite à une certaine méfiance...
Plusieurs fois depuis sa sortie je l'ai vu chez mon libraire, bien en évidence parmi les nouveautés, m'aguichant avec son bandeau rouge.
Bien décidée à lui résister, je ne l'ai pas acheté immédiatement.
Mais, appatée par tant de louanges versées par les médias, j'ai fini par craquer...
Je me suis laissée emporter par ce récit, que la quatrième de couverture décrit comme "un forme nouvelle d'autobiographie, impersonnelle et collective". Je reprends précisément ces termes parce qu'ils sont parfaitement justes : Annie Ernaux a souhaité balayer dans un seul ouvrage les grandes périodes de son existence, tout en renvoyant le lecteur à sa propre histoire, comme insérée parmi celle de ses contemporains. Pour se faire, elle utilise un artifice très efficace, l'emploi de la troisième personne du singulier. Ainsi, l'histoire d'Annie Ernaux devient celle d'une jeune fille, d'une jeune femme, puis d'une femme dans la force de l'âge, touchée par les évènements familiaux mais peut-être plus encore par les soubresauts de l'histoire collective.
Enfant de la guerre elle aura connu les privations et les difficultés de l'après-guerre, le poids des classes sociales dans une société encore très cloisonnée. Jeune femme déjà "installée", elle assistera avec une secrète envie aux évènements de mai 68, sans y participer vraiment. Mère de famille soucieuse de l'avenir de ses enfants elle pleurera de joie le 10 mai 1981, avant de se sentir, comme tant d'autres, trahie par ceux en qui elle avait mis tant d'espoir. Enfin, hapée par les années 90 et ses délires consuméristes, elle ressentira le besoin impérieux de coucher sur le papier ses souvenirs, d'ancrer pour toujours des sensations plus précieuses à ses yeux que toutes ces choses inutiles qui s'accumulent autour d'elle.
C'est un voyage au travers des 50 dernières années que vous convie Annie Ernaux, une épopée personnelle jalonnée de souvenirs collectifs qui parleront à chacun (objets de l'époque, films, programmes télés, vêtements, publicités...), quel que soit son âge.
Je vous invite donc à feuilleter vous aussi l'album de ces dernières décennies, par-dessus l'épaule de cette femme, tellement contemporaine que ELLE, c'est un peu ELLES...